Tuol Neak Ta Nonol stela (K. 139, 976 śaka)

Editors: Chloé Chollet, George Cœdès, Abel Bergaigne.

Identifier: DHARMA_INSCIK00139.

Hand description:

Languages: Old Khmer, Sanskrit.

Repository: Khmer (tfc-khmer-epigraphy).

Version: (71863cc), last modified (25c6f3e).

Edition

⟨1⟩ Om̐ namaś śivāya

I. Anuṣṭubh
⟨Item A: Face A⟩

⟨A2⟩ <indistinct> jitam īśena yaṁ mūrddha-

a

vālasomaṁ varākaram·

b

⟨A3⟩ Īḍe ’ham ātmano ’raṁ bhā-

c

vālasomaṁ varākaram· ||

d
II. Anuṣṭubh

⟨A4⟩ śukra-tārā-prabhāvāya

a

namas te jāti-vindave

b

⟨A5⟩ yo ’sau maheśvaro bhūtvā

c

sargga-dhr̥tyai mahā-tanuḥ ||

d
III. Anuṣṭubh

⟨A6⟩ namo ’stu vindu-garbhāya

a

vindv-anta-jvālitaujase

b

⟨A7⟩ sa-ratir vvindu-vāsī yo

c

viratir vvindu-nirggataḥ ||

d
IV. Upajāti

⟨A8⟩ jñāna-priyākhyena tapasvinedaṁ

a

saṁsthāpitaṁ ṣa¿ṭ?⟨ḍ⟩·⟨A9⟩-naga-randhra-śākaiḥ

b

liṅgaṁ śiva-dhyā{⟨⟨na⟩⟩}na-gatā guhā-sthāḥ

c

⟨A10⟩ kṣamadhvam asmin· śiva-tat⟨t⟩va-bhūtam· ||

d
V. Upajāti

sarvvebhya Ebhyo ⟨A11⟩ jagad-īśvareśa-

a

su-jñāna-naiyoga-samāśrito ⟨A12⟩ ’sau

b

sat-pu¡n!⟨ṇ⟩ya-satraṁ paripālanārthaṁ

c

dadau tad āhr̥⟨A13⟩tya śarīra-koṣṭhāt· ||

d
VI. Anuṣṭubh

sākṣān nātho ’yam ity uktvā

a

⟨A14⟩ sarvve sat-pu¡n!⟨ṇ⟩ya-saṁbhr̥tāḥ

b

Asmai pr¡i!⟨ī⟩tin dadu⟨A15⟩r nityāṁ

c

yogine mokṣa-kāṅkṣiṇe ||

d
VII. Anuṣṭubh

⟨A16⟩ maitry-ādi-paraśu-cchinnāḥ

a

ṣad-vairi-taravo ’bhavan·

b

⟨A17⟩ sat⟨t⟩vāmvudhau ca nikṣiptā{ḥ}

c

niṣphalā yasya kevala⟨A18⟩||

d
VIII. Indravajrā

śuddhānvayo ’sau kr̥ta-kr̥tya-vīryyo

a

⟨A19⟩ nirvvāṇa-saṁbhāvita-śuddha-cetāḥ

b

ṣad-vairi-tāpā⟨A20⟩bhihato na yāti

c

dhyānālayaṁ vanyam apa¡n!⟨ṇ⟩¡d!⟨ḍ⟩ito ho (||)

d
IX. Anuṣṭubh
⟨Item B: Face B⟩

⟨B1⟩ jñānapriyāryyamaitrīti

a

dve nām(n)ī parameśvara

b

⟨B2⟩ Anvarth(e) bhavatān nityaṁ

c

yāvad bhāva-gatasya me ||

d

⟨B3⟩ neḥ gi roha prabhāva vraḥ liṅga neḥ ta mān·° ri qnak ta ⟨B4⟩ ñyāṅ· paṁre Is· khe pramvāya guḥ qnaka noḥ lvaḥ ⟨B5⟩ ta siddhi man· khmi ta lokadvaya° maha pi nu thā le⟨B6⟩y· ta qnak ta ñyāṅ· paṁre nu Aṅveṅa pi nu vvaṁ lvaḥ ta ⟨B7⟩ prayojana phoṅ· ta lokadvaya° kamrate⟨B8⟩ṅa Añ· yogī ta pvās ta neḥha phye phlu pūrvvo⟨B9⟩ttara tīrthodyāna puṣpārāma neḥ syaṅ· dharmma kamra⟨B10⟩teṅ· Añ· didai ra ti Añ· parikalpa Añjeñ· pari⟨B11⟩pālana° sre guhā° tai nārikela° si takkarā° ⟨B12⟩ pamre ta vraḥ liṅga neḥ nu vraḥ vleṅa° vyañjana ⟨B13⟩ ta jā tema thleṅa Aṁvi ta Āśrama ti khloñ· ⟨B14⟩ vala dharmmāvāsa nu kula phoṅa Oya dakṣiṇā ⟨B15⟩ jā dharmma qnak ta Oya dakṣiṇā° ri qnak ta cicāy· ⟨B16⟩ praśasta neḥ dār· rājabhaya ta nānāpra⟨B17⟩kāra sapta kaṁneta° ri ta paripālana svey· vibhava

Apparatus

⟨A9⟩ śivadhyā{⟨⟨na⟩⟩}nagatā ⬦ śivadhyānagatā GC.

⟨B11⟩ nārikela ⬦ hārikela GC.

⟨B14⟩ dakṣiṇā ⬦ dakṣ(i/ī)ṇā GC.

Translation into French by Chloé Chollet

(A1) Oṁ ! Hommage à Śiva !

I
Victorieux est Īśa ! Je vénère celui qui est une mine d’excellence, [qui porte] la jeune lune sur la tête, qui est Bhāvālasoma et qui est l’origine de faveurs.
II
Hommage à toi qui est un vindu de naissance et dont la splendeur est celle de l’astre Vénus , et qui, après être devenu le Seigneur, eût un corps immense pour la stabilité du monde.
III
Hommage à toi dont la matrice est le vindu, dont la puissance brille à l’intérieur du vindu, qui réside dans le vindu avec jouissance, qui es émergé du vindu sans jouissance.
IV
Ce liṅga, qui est l’essence-même de Śiva ici-bas (asmin), a été établi par l’ascète (tapasvin) nommé Jñānapriya, dans l’année śaka [marquée par] six-montagnes-ouvertures (976). Respectez-le, habitants des grottes, engagés dans la méditation sur Śiva !
V
Après l’avoir extrait des entrailles de son corps, celui-ci, qui prend refuge auprès de ceux qui s’appliquent à la bonne science du maître des seigneurs du monde, a donné un sattra en guise d’excellent acte méritoire à tous ces [ermites] afin de préserver [ ce liṅga].
VI
Après avoir déclaré “C’est Śiva en personne !”, tous ceux qui ont recueilli des mérites excellents vouèrent une affection éternelle à ce yogin qui aspire à la délivrance ;
VII
Étant devenus totalement sans conséquence, les arbres que constituent pour lui les six ennemis sont tranchés par la hache qu’est la gentillesse etc., et jetés dans l’océan que constitue la bonté (tattva).
VIII
Issu d’une lignée pure, les prouesses qui lui incombent ont été réalisées, lui dont l’esprit purifié est adapté au nirvāṇa. Oh ! L’idiot est celui tourmenté par le mal des six ennemis et qui ne se rend pas dans la forêt, séjour de la méditation.
IX
Ô Seigneur ! Pour moi, tant que j’existe, je souhaite que les deux noms qui sont Jñānapriya et Āryamaitri gardent toujours leur sens.

(B3) Voici les pouvoirs que possède ce saint liṅga :

(B4–B7) Pour la personne qui s’efforcera de [le] servir totalement pendant six mois complets, celui-là atteindra les accomplissements (siddhi) qu’il désire (man khmi) dans les deux mondes. Quiconque (maha pi) critiquerait de quelque manière que ce soit (ley) les personnes qui s’efforcent de servir [le liṅga], il errera (nu aṅveṅ), de sorte qu’il n’atteigne pas sa/ses finalité(s) dans les deux mondes.

(B7–B12) Les Seigneurs yogin qui sont entrés en religion ici confient cette route du nord-est, ce tīrthodyāna et ce jardin de fleurs, étant (syaṅ) la fondation de ces Seigneurs. A chacun de ceux qui sont ordonnés par moi, il leur est demandé de protéger les rizières et les grottes. La tai Nārikela et le si Takkarā [sont] les serviteurs de ce Saint Liṅga et du feu sacré. Les condiments traditionnels (jā tem) sont montés depuis l’āśrama.

(B13–B15) Ce que le Khloñ Vala Dharmmāvāsa et toute sa famille donnent en guise d’offrande suit la règle des personnes donnant des offrandes.

(B15–B17) Quiconque bafouerait cet édit recevra des sanctions du roi de différentes sortes pour sept naissances. Ceux qui en assurent la protection jouiront de la prospérité.

Translation into French by Cœdès 1937–1966

(A1) Om̐ ! Hommage à Śiva !

I
La victoire est à Īśa. J’invoque cette portion de lui-même, mine précieuse, qui porte la jeune lune sur la tête, qui est Bhāvālasoma (= Prabhāsasomeśvara) et qui répand ses faveurs.
II
Adoration à toi, qui as la majesté de la planète Vénus, à toi qui est vindu par naissance et qui, devenant le souverain seigneur, prends un corps immense pour l’entretien de la création.
III
Adoration à toi qui a pour matrice le vindu, dont la force brille à la fin du vindu, qui goûtes encore le plaisir quand tu habites le vindu, qui en est détaché quand tu es sorti du vindu.
IV
Ce liṅga, érigé par l’ascète nommé Jñānapriya en l’an de l’ère śaka exprimée par les (9) ouvertures, les (7) montagnes et six, respectez-le, habitants des cavernes, voués à la méditation de Śiva, comme la réalité même de Śiva qui a résidé en lui.
V
Ayant tiré ce [liṅga] des entrailles de son propre corps, cet [ascète] réfugié auprès de ceux qui ont pour occupation la science de maître des maîtres du monde, leur a donné à tous un sattra aux mérites excellents, pour l’entretien [du liṅga].
VI
"C’est le Seigneur en personne", se disaient tous ceux qui ont des mérites excellents : aussi vouèrent-ils une affection éternelle à ce yogin aspirant à la délivrance,
VII
pour qui, abattus par des haches telles que celle de la Maitry[upaniṣad] {ou : de l’amitié} et précipitées dans cet océan qui est la qualité de bonté, les arbres qu’on appelle les six ennemis ne portèrent plus aucun fruit.
VIII
Sorti d’une race pure, il a accompli les œuvres viriles qu’il avait à accomplir, et maintenant son âme purifiée a en partage la béatitude suprême. Insensé celui qui, tourmenté par les six ennemis, ne cherche pas un refuge au milieu des forêts dans le séjour de la méditation !
IX
Jñānapriya (= ami de la science), Āryamaitrin (= ami des gens honorables), que ces deux noms que je porte, ô Souverain Seigneur, gardent toujours pour moi tout leur sens, tant que je ne serai pas détaché des objets sensibles.

(B3–7) Voici le pouvoir que possède ce saint liṅga : Les gens qui s’efforcent de le servir pendant six mois seulement, ces gens-là atteignent l’accomplissement de leurs désirs dans les deux mondes ; ceux qui disent du mal des gens qui s’efforcent de le servir et ceux qui cherchent à les en détourner n’atteignent pas leurs buts dans les deux mondes.

(B8–10) Les seigneurs Yogin qui sont entrés en religion ici confient le chemin du nord-est, le bain, le parc, le jardin fleuri : ce sont les œuvres pies de chacun des seigneurs.

(B10–12) Ce que je désigne en les invitant à le garder : la rizière Guhā, Tai Nārikela et Si Takkarā, les serviteurs du saint liṅga et du feu sacré.

(B12–13) La nourriture (vyañjana) et le reste montent de l’āśrama.

(B13–15) Ce que Khloñ Vala Dharmāvāsa et sa famille donnent comme offrandes (dakṣiṇā), c’est [suivant] la loi des gens qui donnent les offrandes.

(B15) Les gens qui dilapident [les biens de] cet édit s’attirent les châtiments royaux de toutes sortes pendant sept naissances. Ceux qui les protègent jouissent de la fortune.

Translation into French by Bergaigne 1882

(A1) Oṁ ! Adoration à Śiva !

I
J’invoque la jeune lune, mine précieuse, que le Seigneur avait sur la tête lorsqu’il a remporté ses victoires, [la clarté] qui n’est qu’une partie d’elle-même, qui rend Umā languissante d’amour et répand d’abondantes faveurs.
II
Adoration à toi, qui as la majesté de la planète Vénus, à toi qui est vindu par naissance et qui, devenant le Souverain seigneur, prends un corps immense pour l’entretien de la création !
III
Adoration à toi, qui as pour matrice le vindu, dont la force brille à la fin du vindu, qui goûtes encore le plaisir quand tu habites le vindu, qui en es détaché quand tu es sorti du vindu !
IV
Ce liṅga, érigé par l’ascète nommé Jnānapriya en l’an de l’ère śaka exprimé par le nombre six (6), les montagnes (mythologiques, 7) et les ouvertures (du corps, 9, soit 976), respectez-le, habitants des cavernes, voués à la méditation de Śiva, comme la réalité même de Śiva qui a résidé en lui !
V
Réfugié auprès de ceux qui ont pour occupation la science du maître des maîtres du monde, il le leur a donné à tous pour protéger le sattra de ces ascètes aux mérites excellents, l’ayant tiré des entrailles de son corps.
VI
"C’est le Seigneur en personne", se disaient tous ceux qui ont des mérites excellents : aussi vouèrent-ils une affection éternelle à ce yogin aspirant à la délivrance.
VII
Pour qui, abattus par des haches telles que celle de Maitri {ou telles que l’amitié} et précipités dans cet océan qui est la qualité de bonté, les arbres qu’on appelle les six ennemis ne portèrent plus aucun fruit.
VIII
Sorti d’une race pure, il a accompli les œuvres viriles qu’il avait à accomplir, et maintenant son âme purifiée a en partage la béatitude suprême. Insensé celui qui, tourmenté par les six ennemis, ne cherche pas un refuge au milieu des forêts dans le séjour de la méditation !
IX
Jñānapriya, Aryamaitrin, que ces deux noms que je porte, ô Souverain seigneur, gardent toujours pour moi tout leur sens tant que je ne serai pas détaché des objets sensibles !

Commentary

Cœdès connects the name Bhāvālasoma with the name Prabhāsasomeśvara which is mentioned in a pre-Angkorian inscription from a nearby site called Prasat Toch (INSCIK00138).

jā tem : citer K. 380

The Khloñ Vala Dharmāvāsa mentioned here is probably the same Dharmāvāsa who later became a hermit and equiped the cave of Poeng Preah Thvear at Phnom Kulen (see inscription K. 172).

ṣadvairi: The six enemies, a mention which appears twice in this inscription, designates the interior enemies of mankind: kāma (the lust), krodha (the anger), lobha (avarice), mada (arrogance), moha (infatuation) and matsara (jealousy). This theme also appears in the K. 834 inscription (st. XXXVIII), and in several Campā inscriptions (see 2013, p. 432).

Bibliography

First edited by Abel Bergaigne with a French translation of the Sanskrit part (1882, pp. 208–232). Edited later by George Coedes (1937–1966, vol. 3, pp. 175–179) with a French translation of the whole inscription; re-edited here by Chloé Chollet from estampage EFEO n. 997.

Primary

[AB] Bergaigne, Abel. 1882. “Une nouvelle inscription cambodgienne.” JA 7 (19), pp. 208–232. [URL]. Pages 208–232.

[GC] Cœdès, George. 1937–1966. Inscriptions du Cambodge I-VIII. Collection de textes et documents sur l'Indochine 3. Hanoi; Paris: Imprimerie d'Extrême-Orient. Volume 3, pages 175–179.