Inscription on a round stone slab from Tuol Ku Kam (K. 1215), pre-Angkorian period

Editors: Kunthea Chhom, Dominique Soutif.

Identifier: DHARMA_INSCIK01215.

Hand description:

The lettering is characteristic of the sixth-seventh century CE.

Language: Old Khmer.

Repository: Khmer (tfc-khmer-epigraphy).

Version: (71863cc), last modified (25c6f3e).

Edition

⟨1⟩ tmo Aṁnoy· śat¿r̥?⟨a⟩grāmāddhyakṣa ta (v)raḥ ka⟨2⟩mratāṅ· Añ· śrī ¿v?⟨c⟩akratīrtha ge ta ⟨3⟩ (sa)k· g¿o?⟨i⟩ lāṅ· vraḥ ge dau n¿ai?⟨i⟩raya

Apparatus

⟨1⟩ śatagrāmāddhyakṣa ⬦ śatr̥grāmāddhyakṣa SP; śatakrāmāddhyakṣa VS. — ⟨1⟩ (v)raḥ ⬦ vraḥ SP; vraḥ VS.

⟨2⟩ cakratīrtha ⬦ vakratīmra SP; cakratīrtha VS.

⟨3⟩ (sa)k· ⬦ sak· SP; sak· VS. — ⟨3⟩ gi ⬦ go SP; gi VS. — ⟨3⟩ lāṅ· ⬦ phoṅ· SP; lāṅ· VS. — ⟨3⟩ niraya ⬦ nairaya SP; niraya VS.

Translation into French by Pou 2001

Pierre donnée par le chef de Śatagrāma à V. K. A. Śrī Cakratīrtha. Ceux qui déroberaient ou détruiraient la divinité / la chose sacrée, qu’ils aillent en enfer.

Translation by Kunthea Chhom

Stone offered by the chief of Śatagrāma to V.K.A. Cakratīrtha. Those who steal or destroy the divinity/ the sacred object will go to hell.

Commentary

A propos de śatagrama, l’inscription (et sa provenance) pourrait s’avérer importante si, comme le fait remarquer M. Vickery (1998 : 383), « a key to the location of Aninditapura might seem to lie in the name Śatagrāma, the home of the Sdok Kak Thom family ». Le terme, formé des mots sanskrits śata (« cent ») et grāma (« village, agglomération »), apparaît deux fois au moins dans le corpus comme toponyme. Dans la stèle de Prasat Beng (K. 989, IC VII, p. 164-189), pas antérieure à 1009 de n. è., est mentionné un lieu nommé « Vrai Svāy, territoire de Śatagrāma, varṇa d’Aninditapura » (vrai svāy pramān śatagrāma varṇṇa qninditapura, face B ligne 8), d’où serait originaire, sous le règne de Jayavarman II, Steṅ Rauv, racine de la longue généalogie détaillée dans cette inscription. L’inscription de Sdok Kak Thom (K. 235, BEFEO 43, 1943-46), de 1053 de n. è., mentionne au début de la partie khmère, à propos des origines de la lignée des officiants du devarāja, que « cette lignée d’Aninditapura résidait originellement dans le sruk de Śatagrāma » (santāna aniniditapura teṁ sruk śatagrāma, face 3 ligne 59). Par ailleurs, l’inscription de Vat Baset K. 207 (IC III, p. 16-24), de 1043 de n. è., mentionne, parmi les témoins d’une transaction, un certain « V. K. A. Śatagrāma, vénérable des après-midi de la lune décroissante » (vraḥ kamrateṅ Añ śatagrāma bhagavan Aparāhna kr̥ṣṇapakṣa, l. 40-41). Il n’est pas exclu que le nom de ce vénérable renvoie à son pays d’origine et qu’il faille traduire « V. K. A. de Śatagrāma » : le personnage principal de l’inscription, V. K. A. Śrīkaṇṭhapandita Sruk Phalapriya (l. 2), « V. K. A. Śrīkaṇṭhapandita du pays de Phalapriya », est nommé, ailleurs dans l’inscription, V. K. A. Phalapriya (l. 30, l. 65). A faire : voir l’article de Sircar sur ce type de nom de division administrative ? Voir aussi les occurrences de Daśagrāma dans le corpus.

(1) A propos du terme śatagrāmāddhyakṣa, sur la photo apparaît en effet une éraflure, sous le t, qui explique la lecture de S. Pou. A propos de grāmāddhyakṣa, Vong Sotheara, rappelons-le, semble n’avoir disposé que d’un fac-similé, et nous ne savons sur quel document se fondait S. Pou. Encore qu’une lecture krama° soit possible, la légère dissymétrie des deux moitiés du k ainsi supposé (celle de droite un peu plus haute) invite à préférer la lecture grāma°, qui fait sens. – La ligature dty serait une première. Au mieux, on pourrait interpréter le groupe consonantique comme dvy. Mais, erreur du scribe ou forme « atrophiée » – ou cursive ? – du dh souscrit, il faut lire le groupe ddhy. [Sur la lecture dvy d’un groupe qui doit être ddhy, voir aussi, à l’époque angkorienne, K. 1087 (937 de n. è.), face A l. 6 : maddhyamaśiva, que les éditeurs (CNPT 3, NIC II) ont lu madvyamaśiva ; cf., mutatis mutandis, K. 1087, face B l. 5, tai kandhan, lu tai kancan ou tai kanvan par les éditeurs (resp. CNPT 3 et NIC II).] Note sur la gémination du mot addhyakṣa : La graphie ddhy pour dhy, dans les termes sanskrits, est fréquente dans le corpus. En sanskrit, elle est validée par le sūtra 8.4.47 de Pāṇini (ex. : uggra pour ugra, daddhy atra pour dadhy atra) : cf. L. Renou, Grammaire sanscrite, § 7, b (p. 6), à propos de la gémination « pour le premier élément, autre que h, de tout groupe non initial, et seulement si une voyelle brève précède ». Renou note dans le même paragraphe que la gémination la plus courante, après celle ayant lieu après ou devant r, est celle « devant y v » : c’est apparemment l’usage des inscriptions du corpus. Le sens exact du terme Adhyakṣa, dans notre inscription, n’est pas clair, et dépend en partie de ce que désigne śatagrāma. S’il s’agissait d’un nom commun pour une division administrative, son Adhyakṣa pourrait être, selon l’usage sanskrit habituel du terme, un inspecteur ou superintendant de cette division. S’il s’agit d’un toponyme (donc d’un nom propre), son Adhyakṣa pourrait être son « chef », probablement nommé.

(1) A propos du terme vraḥ, sur la photo (et contrairement au fac-similé de Vong Sotheara), la boucle droite du v n’apparaît pas, et il semble même qu’elle n’ait pas été gravée : il faudrait alors lire draḥ ! Le contexte indique assez que, défaut de la pierre ou erreur du lapicide, c’est vraḥ qu’il faut comprendre.

(2) A propos du terme cakratīrtha, la partie principale de la première consonne n’a pas du tout la même courbure que le vv de vraḥ (l. 3), et ne peut être que c. Le nom ainsi obtenu est du reste infiniment plus plausible que celui de *vakratīrtha. On connaît dans le corpus deux Cakratīrthasvāmin, tous deux « vishnouiques ». Cakratīrthasvāmin est assurément le nom de la divinité, « vishnouique », dont l’inscription K. 5 de Thap-muoi (BEFEO 31, 1931, p. 1 sq.) , du « Fou-nan », commémore la consécration. L’étrange inscription K. 90 de Kuk Prah Kot (IC V, p. 25-27), du règne d’Īśānavarman Ier, concerne un Viṣṇu (śauri, linteau, st. III) appelé V. K. A. Śrī Cakratīrthasvāmi (partie droite du linteau, l. 3-4). Notons que cette fondation vishnouite semble placée sous l’invocation d’une forme de Śiva. Retrouver association Cakratīrtha et Śālagrāma ?

(3) A propos du terme sak, le sa, donné comme entier sur le fac-similé de Vong Sotheara, apparaît sur la photo comme pris dans l’usure de la pierre. Les traces visibles et le contexte ne laissent pas grand doute sur la lecture à adopter.

Bibliography

First edited by Saveros Pou (2001, p. 184) with a French translation; edited again by Vong Sotheara (2003, pp. 50–51) in roman and Khmer script; the variants of reading are taken from the Khmer script; re-edited here by Dominique Soutif.

Primary

[VS] Vong, Sotheara. 2003. “សិលាចារឹកទួលអង្គសង្រ្គាម Ka 13 [silācārịk duol aṅ saṅgrām ka 13] [Inscription of Tuol Ang Sangram Ka 13].” In: Pre-Angkor Inscriptions of Cambodia 1. Phnom Penh, pp. 70–74. Pages 50–51.

[SP] Pou, Saveros. 2001. Nouvelles inscriptions du Cambodge, volumes II et III. Paris: École française d’Extrême-Orient. [URL]. Page 184.